Albert-Louis-Edmond Chartier dit Alchar ( - )

L'artiste et une de ses sculpture.

Albert Chartier passe son enfance à Blois. Sa vocation se manifeste précocement et sa première œuvre picturale, désignée comme telle par une inscription, est signée de 1905, son premier buste de 1913. L'apprentissage d’Albert Chartier débute par l'École nationale supérieur des arts décoratifs où il est l’élève de Paul Renouard et y rencontre Gio Colucci, malheureusement pour une courte période car il est mobilisé en 1916.

Comme un grand nombre de ses camarades, il revient de cette expérience de guerre avec le sentiment d’avoir survécu indûment, d’être en fait « mort à Verdun ». Aussitôt après sa démobilisation, il commence à gagner sa vie en contribuant à la réalisation de nombreux monuments aux morts, dont celui de Massignac en Charentes.

Puis de retour à Paris en 1921, il est admis à l'École nationale des Beaux-Arts. Il y restera jusqu'en 1927. C'est là que se perpétue à Paris la tradition de la sculpture classique. Il suit les court de Jules Coutan aux côtés entre autres de Paul Belmondo. Il fréquente également l’atelier de Jean-Antoine Injalbert.

La reconnaissance immédiate de son savoir-faire qui lui vaut une médaille d’or au Salon des arts décoratifs de 1925 et un certain succès critique lui assure rapidement des commandes, essentiellement dans sa région d’origine. Albert Chartier est en effet resté lié avec un groupe régionaliste bien implanté à Blois qu'on surnomme l’École de la Loire. Il connaît dans les années 1925-1950 sa période la plus productive.

Sa carrière de sculpteur de bustes se double d’une activité de sculpteur pour les Monuments Historiques. Très présent sur les grands chantiers de restauration de la région, il réalise pour le château de Blois la sculpture dans le grand escalier de l’aile Gaston d’Orléans pour Alphonse Goubert et Paul Robert-Houdin. On le retrouve sur les chantiers de la cathédrale de Blois, de Saint-Vincent et surtout à Orléans où il travaille à la restauration de la cathédrale de 1941 à 1959. Parallèlement Albert Chartier s’engage dans une autre carrière, sans doute pour des raisons économiques, qui l’éloigne progressivement des commandes publiques : il devient sculpteur pour le Musée Grévin.

Il laisse aussi une importante œuvre picturale, croquis, dessins et peintures accompagnant son travail de sculpteur fût-ce à titre préparatoire. Cette œuvre porte aussi témoignage de son goût pour les voyages qui dès sa jeunesse l’avaient mené en Italie ou en Tunisie, mais auquel il céda, en maints endroits, toute sa vie. Dans l’art pictural il donne l’impression d’une liberté que sans doute il ne s’accordait pas dans son exercice sculptural. Son talent de coloriste s’y déploie librement, moins assujetti aux contraintes de la forme classique comme si la couleur lui permettait une liberté nouvelle et l’amenait à remettre en cause les exigences de la figurabilité.

L’œuvre de cet artiste montre bien les conflits esthétiques auxquels étaient confrontés les artistes des années 1930 et comment allait évoluer leur travail, pris entre tradition et modernité, fidélité aux valeurs transmises par leurs maîtres et les académies et attraction par le renouveau formel qui se développait partout dans le monde et qu’apportaient à Paris de nombreux artistes émigrés comme Pablo Picasso ou Ossip Zadkine dont il avait bien du mal à comprendre les réalisations et les interrogations esthétiques rompant avec les formations classiques de leurs pays d'origine.

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