Joseph Le Corre dit Jos ( - )

Jos Le Corre, de son vrai nom Joseph Le Corre, est à Baud, dans le Morbihan, et s’est éteint en 1979 à Gouesnac’h, dans le Finistère. Artiste aux multiples talents, il a marqué la scène artistique bretonne par son travail de peintre, graphiste et céramiste. Après des études à Lorient, il monte à Paris en 1945 pour suivre l’enseignement du célèbre affichiste Paul Colin, puis fréquente brièvement l’atelier du peintre Fernand Léger, dont l’influence se ressentira dans la clarté et la structuration de son dessin.
De retour en Bretagne, Jos Le Corre intègre l’École régionale des beaux-arts de Quimper où il se forme dans l’atelier de Robert Villard. Il y deviendra professeur d’arts graphiques en 1952, poste qu’il occupera jusqu’à sa mort. Parallèlement à sa carrière d’enseignant, il développe une œuvre personnelle riche, à la croisée de la modernité et des traditions locales.
C’est en 1948 qu’il commence à collaborer avec la faïencerie Keraluc à Quimper, en tant que peintre-décorateur indépendant. Il y développe un style graphique libre, coloré, souvent empreint de poésie, qui s’exprime aussi bien dans des scènes de la vie quotidienne que dans la représentation stylisée du monde végétal et animal.
En parallèle, Jos Le Corre s’illustre comme affichiste : ses créations pour les Fêtes de Cornouaille à Quimper dans les années 1950, notamment celle de 1955, rencontrent un vif succès et retiennent l’attention de Georges-Henri Rivière, figure majeure de l’ethnographie française. Il est aussi remarqué au premier Salon des céramistes d’art de France en 1949, à Paris, pour une œuvre décorée intitulée Daniel dans la fosse aux lions, réalisée pour Keraluc.
En 1959, il fonde avec son ami Georges Connan l’Atelier du Steïr, où il poursuit ses recherches autour du motif floral et expérimente de nouveaux décors, souvent repris ensuite par Keraluc entre 1966 et 1976. Cette période est marquée par une grande liberté d’expression, dans un langage formel immédiatement reconnaissable.
Après sa mort, le Musée des Beaux-Arts de Quimper lui consacre une importante rétrospective en 1981. Aujourd’hui, ses œuvres sont conservées dans plusieurs collections publiques, notamment au Musée national des Arts et Traditions populaires à Paris, au Musée départemental breton et au Musée de la Faïence de Quimper. À la fois moderne et enraciné, Jos Le Corre a su conjuguer l’héritage populaire de la faïence bretonne avec les apports graphiques du XXe siècle, laissant une œuvre singulière, inventive et joyeusement vivante.